Le conseil d’administration de la compagnie Irlandaise Aer Lingus a accepté mardi la dernière offre de rachat d’International Airlines Group (IAG). Mais la transaction n’est pas encore faite : les actionnaires, notamment Ryanair et l’Etat Irlandais, posent des conditions, la Commission Européenne a son mot à dire, et les syndicats redoutent des suppressions de postes.
Jamais deux sans trois. IAG, déjà propriétaire de British Airways, Iberia et Vueling, a renouvelé son intention d’acquérir Aer Lingus la semaine dernière, en améliorant son offre – la troisième en six semaines. Le premier groupe aérien historique d’Europe en termes de rentabilité propose à présent un rachat sur la base de 2,5 euros l’action plus un dividende de 0,05 euros par action, qui valorise ainsi la compagnie Irlandaise à hauteur de 1,36 milliard d’euros.
Aer Lingus s’est dite prête le 27 Janvier à recommander de souscrire à cet achat, à condition toutefois que IAG prenne en considération les intérêts des différentes parties, y compris ses principaux actionnaires, Ryanair, qui détient 29,8% du capital, ainsi que de l’Etat Irlandais, qui en détient 25%.
IAG a précisé qu’elle comptait opérer Aer Lingus comme une entreprise distincte en conservant l’identité de la marque et en préservant les opérations vers l’Irlande. “IAG reconnaît l’importance des services aériens directs et et des correspondances aériennes pour les investissements et le tourisme en Irlande et a l’intention de discuter avec le gouvernement Irlandais pour s’assurer de son soutien pour la transaction“, indique IAG dans un communiqué.
Le groupe aérien a également fait savoir qu’il comptait inclure Aer Lingus dans la co-entreprise transatlantique menée avec American Airlines, et qu’il chercherait à faire adhérer la compagnie Irlandaise à l’alliance oneworld.
Pour IAG, Aer Lingus présente également l’avantage d’être le quatrième opérateur sur le hub de Londres Heathrow, après British Airways, Lufthansa et Virgin Atlantic. Sur la première plateforme aéroportuaire d’Europe, les slots (créneaux de décollage et d’atterrissage), valorisés jusqu’à 30 millions d’euros la paire, sont extrêmement convoités et British Airways pourraient en utiliser certains pour développer ses propres opérations.
La perspective inquiète le gouvernement Irlandais, qui redoute de voir les liaisons avec la capitale Britannique diminuer. Il examinera aujourd’hui la question, tandis que l’opposition dans le pays appelle à écarter toute vente de la compagnie aérienne, à un peu plus d’un an avant des échéances électorales.
De son côté, Ryanair a déclaré la semaine dernière qu’elle examinerait toute proposition. Elle a tenté par trois fois de racheter Aer Lingus, la dernière tentative en 2012 ayant échoué après une décision de la Commission Européenne qui l’a jugée néfaste d’un point de vue concurrentiel. La low-cost est toujours soumise à une ordonnance de Bruxelles l’enjoignant de ramener sa participation à 5% dans Aer Lingus, mais elle a fait appel de cette décision.
De la même manière, un éventuel rachat d’Aer Lingus par IAG resterait soumis à l’approbation de la Commission Européenne.
Enfin, IMPACT, principal syndical chez Aer Lingus, estime qu’une prise de contrôle pourrait entraîner la perte de 1.200 emplois, soit un quart des effectifs du transporteur.
L’affaire n’est donc pas encore totalement faite pour IAG qui doit encore rassurer sur ses intentions et donner davantage de garanties aux uns et aux autres.
Aer Lingus a transporté 9,6 millions de passagers en 2013 avec une flotte de 46 avions. Elle a relevé ses prévisions de résultats pour l’exercice 2014 après une augmentation du nombre de passagers transportés l’été dernier, notamment sur son réseau transatlantique en expansion.
De son côté, IAG a transporté 77,3 millions de passagers en 2014, en hausse de +15% par rapport à 2013, notamment grâce à sa filiale low-cost, Vueling.
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