L’Airbus A321 de Metrojet qui s’est écrasé samedi dans le Sinaï avec 224 personnes à bord s’est “disloqué” en l’air avant d’atteindre le sol, a indiqué dimanche le chef des enquêteurs russes, tandis que commence l’analyse des enregistreurs de vol.
« La dislocation s’est produite dans les airs et les fragments se sont éparpillés sur une vaste zone d’environ 20 kilomètres carrés », a déclaré le 1er novembre au Caire Viktor Sorotchenko, directeur de l’Interstate Aviation Committee (MAK) , après s’être rendu sur le site du crash pour inspecter les débris. L’expert aéronautique a cependant précisé qu’il était « trop tôt pour parler de quelconques conclusions ».
Le MAK est l’homologue du BEA français et du BFU allemand, les trois autorités participant à l’enquête de sécurité sur l’accident.
Plus tard dans la journée de dimanche, le directeur de Rosaviatsa, l’agence fédérale russe du transport aérien, est venu confirmer ces propos. “Tous les signes indiquent qu’il y a eu une destruction de la structure de l’avion en l’air à haute altitude” , a déclaré sur une chaine de télévision russe Alexander Neradko, cité par l’agence Interfax. “Les éléments structuraux de l’avion sont dispersés dans une zone en forme d’ellipse de 8 km de long sur 4 km de large” , a-t-il précisé.
D’autres experts accréditent l’hypothèse d’une destruction en plein vol, au vu des photos de la zone du crash. “Apparemment l’avion n’est pas tombé en piquant vers le sol. Il n’y a pas de petits morceaux, cela laisse supposer qu’il n’est pas tombé en piqué” , a déclaré à l’AFP Jean-Paul Troadec, ancien directeur du BEA.
Dès samedi, l’Etat Islamique a affirmé être à l’origine de l’accident, en ayant réussi à “faire tomber du ciel un avion russe” . Mais le ministre russe des Transports, Maxime Sokolov, a déclaré que la revendication de l’EI n’était pas crédible.
“C’est l’examen des débris, complété par celui des enregistreurs de vol, qui permettra rapidement d’établir laquelle des hypothèses est la plus plausible, de l’attentat ou de l’accident” , a poursuivi Jean-Paul Troadec, en ajoutant : “s’il y a attentat, cela pourra se déduire de la dispersion de l’épave, mais aussi, et surtout des débris: s’il y a des traces d’explosifs, et si la carcasse de l’avion a été ouverte, cela pourra démontrer l’existence éventuelle d’une bombe. C’est une hypothèse parmi d’autres, mais on ne peut pas non plus exclure un problème technique” .
L’analyse des boites noires commence
Les deux enregistreurs de vol ont été récupérés sur le site du crash dès samedi et ont été livrés au Caire. Leur analyse sera effectuée dans les installations du Comité en charge des accidents, dépendant du ministère égyptien de l’aviation civile. Ces prétendues “boites noires” l’enregistreur de paramètres de vol (Flight Data Recorder ou FDR) et l’enregistreur de voix dans le cockpit (Cockpit Voice Recorder ou CVR), placées dans la queue de l’appareil, “sont dans un état satisfaisant pour la lecture des données” , ont indiqué les autorités égyptiennes. Le CVR, qui contient les conversations des pilotes, devrait être analysé en premier.
Le vol 7K 9268 de Metrojet assurait la liaison entre Sharm El Sheik et Saint Pétersbourg le 31 octobre 2015, avec 217 passagers et 7 membres d’équipage, qui ont tous péri.
A ce jour, 163 corps ont été retrouvés sur la zone du crash. Le périmètre des recherches a été étendu dimanche à 15 km.
Sur Internet circule une vidéo sensée représenter la “chute” de l’A321 de Metrojet et son explosion, mais son origine et son authenticité ne sont absolument pas vérifiées.
Photo : Crash du vol Metrojet 7K9268 dans le Sinaï – Source : Interfax / EPA