A trois jours de la date butoir fixée par Air France pour trouver un accord sur la plan Perform 2020, le président du Syndicat National des Pilotes de Ligne France Alpa (SNPL), Philippe Evain, ne se montre pas convaincu par les propositions présentées par la direction jeudi dernier. Selon lui, les efforts demandés aux salariés sont inutiles en raison des arbitrages rendus récemment par l’Etat au détriment d’Air France.
Interrogé sur RTL lundi 28 septembre par Yves Calvi, qui lui demandait si le SNPL allait signer les accords de compétitivité, le syndicaliste a répondu : “Je ne sais pas. Les négociations sont en cours. C’est difficile pour moi de me prononcer” .
Le président du SNPL préfère évoquer “ce qui joue en coulisse” , entendre “des arbitrages qui ont toujours été faits au détriment d’Air France” , plus particulièrement cette année : l’octroi de droits de trafic supplémentaires aux compagnies du Golfe (Qatar Airways) et la hausse des redevances aéroportuaires accordée à Aéroports de Paris “sont un très mauvais coup à la santé économique d’Air France” . Et d’ajouter : “on commence à comprendre pourquoi le projecteur est braqué sur les salariés, c’est pour mieux cacher ces arbitrages qui ne sont finalement pas assumés” . Philippe Evain reproche à la direction d’Air France d’être “associée” à ces mesures prises par l’Etat pour aboutir “à une décroissance de la compagnie” .
Il reconnaît cependant qu’il faut réduire l’écart des coûts d’exploitation entre Air France et ses concurrents. Le syndicaliste se dit prêt “à prendre une part de cet effort” , mais “le niveau de concurrence déloyale est tel aujourd’hui que l’effort des pilotes pourraient être massif, cela ne changerait rien” .
Les demandes de la direction, qui souhaite voir ses navigants travailler une centaine d’heures de plus par an à salaire inchangé, représentent un effort de productivité de l’ordre de 20%, “après 20% qui ont été déjà donnés en 2012” , évalue Philippe Evain. Ce dernier estime qu’avec le plan Transform 2015, la productivité des pilotes et salariés d’Air France est dorénavant dans la moyenne européenne. “On n’est pas du tout des privilégiés” , se défend-t-il, d’ailleurs, “il y a 200 ou 300 pilotes à Air France qui sont prêts à quitter l’entreprise pour aller chez nos concurrents” .
Quant à l’intéressement de 100 millions d’euros que la compagnie propose de redistribuer à ses employés fin 2017 si les objectifs de réduction de coûts sont atteints, le président du SNPL pense que “les salariés n’en verront jamais la couleur” , en raison “des conditions qui ont très peu de chances de se produire” .
La direction d’Air France s’est donnée jusqu’au 30 septembre pour parvenir à un accord avec les représentants des personnels dans le cadre du plan Perform 2020. Les décisions adoptées seront présentées le 05 octobre lors d’un comité central d’entreprise extraordinaire, après le conseil d’administration du groupe Air France-KLM le 1er octobre à Amsterdam et celui d’Air France le lendemain.
Crédit photo : Airbus A380 d’ Air France – © Air France