Les pilotes ne veulent pas de caméras dans les cockpits

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Commandant de bord / pilote d'Air France - © Air France

Alors que plusieurs agences de sécurité aérienne recommandent l’installation de caméras dans les cockpits des avions pour enregistrer les faits et gestes des pilotes pendant le vol à des fins de sécurité, l’International Federation of Air Line Pilots’ Associations (IFALPA), qui réunit 100.000 pilotes et ingénieurs de vol dans 100 pays, s’y oppose.

L’IFALPA a estimé le 21 avril que les enregistreurs de vol vidéo “n’ajouteraient rien de significatif aux enquêtes sur les accidents” . A l’appui de cette déclaration, la Fédération cite une étude menée en 2006 (CAP 762) par l’agence britannique pour l’aviation civile (CAA), qui a également montré, selon elle, que “les données visuelles sont toujours sujettes à des interprétations erronées, qui peuvent conduire l’enquête dans une fausse direction” .

En outre, l’IFALPA a identifié que, lorsque les équipages sont soumis à des enregistrements vidéo, même à des fins de formation, ils se comportent de façon très différente. “Il y a clairement une crainte des caméras, devant lesquelles les équipages se concentrent principalement sur la prévention des erreurs de comportement, au détriment de la prise de décision et de la résolution de problèmes” , a expliqué la Fédération. “La présence d’enregistreurs vidéo a également un impact négatif sur la volonté de l’équipage à signaler les événements, ce qui a en soi un effet négatif sur la sécurité et la prévention des accidents, et rend l’installation de ces enregistreurs contre-productif” .

Les pilotes redoutent aussi la “mauvaise utilisation” des enregistrements vidéo : rappelant l’appétit du grand public “pour des images sensationnelles” , leur Fédération “n’a aucun doute” que les images captées par des caméras dans les postes de pilotage seraient divulguées, de la même manière qu’ont été publiés les enregistrements audio lors d’accidents précédents. La Fédération cite l’exemple des vols Germanwings 4U9525, American Airlines 965 et GOL 1907. Ceux-ci “montrent les limites” des dispositions de l’annexe 13 de l’OACI concernant la protection des données des enregistreurs de voix qui sont actuellement installés dans les cockpits (CVR). En cas d’accident, “ce ne serait qu’une question de temps avant que les vidéos du poste de pilotage n’apparaissent sur différents supports” , estime l’IFALPA.

La Fédération évoque aussi une “violation massive” de la vie privée et des “droits fondamentaux” des équipages, qui serait bien trop lourde au regard des “gains minimes” que procureraient l’installation de caméras dans le cockpit, et du “taux extrêmement faible d’accidents dans l’aviation commerciale” . Elle soutient en revanche une amélioration de la technologie existante des enregistreurs de paramètres de vol (FDR) pour fournir une meilleure compréhension sur le comportement de l’avion.

Par conséquent, jusqu’à ce qu’une mauvaise utilisation des enregistrements et des transcriptions soit effectivement empêchée, l’IFALPA restera fermement opposée à l’installation des enregistreurs vidéos” , a conclu la Fédération.

Rappelons que selon les normes internationales, les avions commerciaux sont actuellement équipés de deux sortes d’enregistreurs, les fameuses “boites noires” ,  qui retranscrivent les voix dans le cockpit (CVR) et les données techniques du vol (FDR).

Crédit photo : Commandant de bord dans dans un Boeing 777-300ER © Air France 

1 COMMENTAIRE

  1. Ils ont tout simplement raison , et c’est logique , n’en déplaise a certains , trop de sécurité , nuit a la sécurité (on l’a vu avec les portes de cockpit blindées et l’accident de Germanwings) . L’enfer est pavé de bonnes intentions et les solutions qui semblent les meilleures s’avèrent pires ou si l’on préfère: le remède est pire que le mal .C’est cela le problème , lorsque l’on passe de la théorie a la pratique, ce qui paraissait fonctionner normalement sur le papier , ne marche pas dans la réalité avec le facteur humain.Dans un autre ordre d’idée, c’est pour cela que l’on veut a présent ” sortir les pilotes des simulateurs de vol”, pour privilégier la formation sur avion école et avion de ligne , même si cela coûte cher , c’est encore plus cher sur le long terme lorsqu’on arrive a des drames ou des erreurs de pilotage..

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