Emirates prête à ouvrir des lignes entre l'Europe et les Amériques

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Airbus A380 d'Emirates à Zurich - © Emirates

Alors qu’est contestée sur les deux rives de l’Atlantique la croissance des compagnies du Golfe, accusées de “concurrence déloyale” en raison des subventions d’Etat dont elles bénéficieraient, la première d’entre elle, Emirates Airline, s’est dite prête cette semaine à lancer au départ des hubs européens de nouvelles lignes vers l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud.

Emirates envisage non seulement de lancer de nouvelles routes vers les Etats-Unis depuis Dubai, mais aussi depuis l’Europe, en bénéficiant des droits de trafic dits de “cinquième liberté” et des accords de ciel ouvert, a indiqué le président de la compagnie, Tim Clark, lors d’une interview avec le journal émirati “The National” .

La “cinquième liberté” aérienne permet à une compagnie étrangère de voler entre deux pays dans le cadre d’un service au départ ou à destination de son pays d’origine. Emirates bénéficie déjà d’une telle autorisation pour son vol Milan – New York lancé en octobre 2013, qui prolonge son vol Dubai – Milan.

“Nous développer davantage au départ des hubs européens vers les Etats-Unis ? Oui, nous pourrions le faire” , a déclaré le Président d’Emirates, qui n’apprécie pas les attaques dont sa compagnie fait l’objet aux Etats-Unis : “le genre d’outrage que nous subissons pourrait nous amener à le faire” , a-t-il rajouté.

Il y aurait aussi une justification économique et la perspective d’exploiter des marchés peu servis : “Avec Milan, nous voyons comme cela est rentable. Si les Danois ou les Suédois venaient à nous en disant ‘nous n’avons pas assez de vols vers les Etats-Unis. Pourriez-vous l’envisager ?’ , alors oui, nous pourrions le faire” , a assuré Tim Clark.

Le dirigeant a également déclaré “qu’énormément” de personnes en Europe voulaient voler non seulement vers les États-Unis, mais aussi vers le Mexique, l’Amérique du Sud ou les Caraïbes – des régions où Emirates est à l’heure actuelle peu ou pas présente.

“Bien sûr, nous voyons l’Amérique comme l’un de nos marchés, mais nous voyons la planète tout entière comme notre marché. Notre ambition est limitée uniquement par la capacité de notre hub à l’aéroport international de Dubaï et par celle de l’aéroport Al Maktoum, et, ensemble, ça fait beaucoup” , a conclu Tim Clark.

Pour autant, avant d’ouvrir de nouvelles lignes au départ d’Europe vers les Etats-Unis ou des pays tiers, Emirates devra être autorisée par les autorités nationales à exercer des droits de cinquième liberté.

En Europe, certains pays se sont déjà montrés plutôt conciliants envers des transporteurs qui souhaitaient ouvrir de telles liaisons. Outre l’Italie qui a autorisé Emirates à voler entre Milan et New York, l’Espagne a donné son approbation pour que Singapore Airlines relie Barcelone à Sao Paulo, et la Grande Bretagne voit un service de Kuwait Airways entre Londres et New York. La France et l’Allemagne ont suggéré « une extension des droits de trafic des compagnies du Golfe assortie d’un véritable contrôle de leur mode de fonctionnement » – une manière de dire aux Emirats de limiter ou cesser les subventions à leurs compagnies aériennes si celles-ci veulent augmenter leurs vols vers l’Europe. La France a toutefois accordé de nouveaux droits de trafic à Qatar Airways pour qu’elle desserve Lyon et Nice, tout en se défendant que cette mesure soit liée à l’achat de Rafale par le Qatar.

Aux Etats-Unis, le débat sur la croissance des compagnies du Golfe bat son plein. Emirates, et ses consoeurs Etihad Airways et Qatar Airways, sont accusées par Delta, United Airlines et American Airlines d’avoir bénéficié ensemble de plus 40 milliards de subventions publiques “déloyales” . Les trois transporteurs récusent ces accusations.

Néanmoins, les compagnies américaines ainsi que les syndicats ont exhorté le gouvernement à limiter l’accès de leurs trois concurrentes au territoire des Etats-Unis, en remettant en cause les accords de ciel ouvert.

Mais ceux-ci sont ardemment défendus par d’autres compagnies américaines (comme JetBlue, liée par des accords de partage de codes à Emirates, Etihad et Qatar Airways), par les industries de l’hôtellerie et du tourisme et par les collectivités locales, qui considèrent les compagnies du Golfe comme facteurs de développement.

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