L’Etat a rendu son arbitrage pour les redevances que devront payer les compagnies aériennes sur les deux aéroports parisiens : ces redevances seront plafonnées à une augmentation de 1% en moyenne sur les cinq prochaines années, en plus de l’inflation. Aéroports de Paris (ADP) parle d’un “équilibre trouvé” , mais pour les transporteurs français réunis au sein de la Fédération Nationale de l’Aviation Marchande (FNAM), il s’agit d’un “signal très négatif” .
Selon le Contrat de Régulation Economique couvrant la période 2016-2020 (CRE3) qui sera signé entre l’Etat et ADP, le plafond d’évolution tarifaire pour les redevances payées par les compagnies aériennes sur les deux plateformes parisiennes d’Orly et Charles de Gaulle est limitée à l’inflation pour l’année 2016, et à 1,25% par an en plus de l’inflation entre 2017 et 2020, soit une hausse de 1,0% par an en moyenne en plus de l’inflation sur les cinq ans à venir.
ADP, qui réclamait une hausse de 1,75% en moyenne, parle dans son communiqué d’un “équilibre trouvé” . Le groupe ajoute que le plafond d’augmentation des redevances fixé par l’Etat pour 2016-2020 est inférieur à la hausse des redevances pratiquée sur les deux dernières années du CRE 2011-2015, où elle s’est établie à +2,2% en moyenne, en plus de l’inflation.
“L’équilibre trouvé confirme la stratégie industrielle d’Aéroports de Paris au service de la place de Paris et plus largement du secteur aérien. Confronté à la crise de ce secteur en Europe, aux mutations de ses principaux acteurs, à l’accentuation de la pression concurrentielle des aéroports et aux nouveaux comportements de consommation, Aéroports de Paris doit continuellement améliorer la compétitivité de ses plates-formes” , indique le groupe aéroportuaire.
En revanche, la réaction est franchement négative du côté de la FNAM, qui regroupe plus de 95% du secteur du transport aérien français avec les compagnies Aigle Azur, Air Caraïbes, le groupe Air France, Corsair International et XL Airways.
“Cet arbitrage gouvernemental ignore totalement le contexte d’asphyxie dans lequel se trouve le transport aérien français basé” , s’offusque la FNAM, qui poursuit : “l’arbitrage qui a été rendu laisse entendre que la mise en danger accélérée de presque 100.000 emplois directs du secteur n’a pas été intégrée. Le signal donné est très négatif” .
De fait, l’Etat n’a pas suivi les recommandations de la Commission Consultative Aéroportuaire (CCA), qui a préconisé en juin dernier de limiter la hausse des redevances à l’inflation, voire de les réduire en dessous de l’inflation (-0,7% à -1%) grâce à un mécanisme compensatoire auquel les activités commerciales des aéroports auraient contribué.
“La FNAM constate une fois de plus que l’avis de la CCA, n’a pas été pris en compte, soulignant ainsi l’inutilité des processus de concertation en vigueur” , dénonce cette Fédération.
Un programme d’investissements de 3 milliards d’euros
La fixation du plafond d’évolution des redevances aéroportuaires à Paris s’accompagne en retour d’un programme d’investissements de 3,0 milliards d’euros pour les deux aéroports, prévoyant :
– l’optimisation des installations, pour améliorer la performance opérationnelle, la productivité et la qualité de service, dans une logique de fusion des terminaux : à Paris-Orly, entre les terminaux Sud et Ouest, et à Paris-Charles de Gaulle entre les terminaux 2B et 2D et entre les satellites internationaux du terminal 1;
– un effort important sur la maintenance et la mise en conformité réglementaire de certaines installations, pour garantir la sécurité et la robustesse opérationnelle avec des rénovations importantes à Paris-Orly, la rénovation du terminal 2B et le début de la rénovation du terminal 2D de Paris-Charles de Gaulle, et la réhabilitation et la mise en conformité de plusieurs pistes sur les deux plates-formes ;
– et la compétitivité de la plateforme de correspondance de Paris-Charles de Gaulle en accompagnant les compagnies aériennes dans leur recherche d’amélioration de l’efficience opérationnelle, notamment par la construction d’un trieur bagages des halls L et M du terminal 2E de Paris-Charles de Gaulle.
Le respect de ce plan d’investissements est sanctionné par des malus tarifaires, à la fois sur le calendrier des investissements à fort enjeu et sur la mise en œuvre effective de l’enveloppe relative aux dépenses d’investissements courants, de qualité de service et de développement durable.
Différentes mesures sont également prises afin d’assurer le développement du trafic international et en correspondance. Une nouvelle structure tarifaire est mise en place (diminution du poids de la redevance par passager, révision de la redevance d’atterrissage, exonération du stationnement de nuit pour favoriser l’implantation à Paris d’avions basés). Des mesures incitatives sont prises sur les “marchés porteurs” et pour les “compagnies performantes” . Enfin, ADP entend développer “une expérience passagers de plus en plus différenciante basée sur une plus grande qualité de service” .
Photo : Airbus A320 d’Air France à Paris Charles de Gaulle – © Air France