Surprise dans le ciel de Russie : la compagnie aérienne privée Transaero Airlines a annoncé mardi qu’elle allait se faire racheter par Aeroflot avec l’aval du gouvernement russe.
Selon Transaero, cette absorption a été approuvée lors de la réunion d’une commission intergouvernementale présidée par Igor Shuvalov, premier adjoint au Premier ministre de Russie.
“Dans l’intérêt du développement de l’aviation commerciale et dans l’objectif de créer l’un des premiers groupes de compagnies aériennes dans le monde, la commission a approuvé l’acquisition de JSC Transaero Airlines par Aeroflot” , explique le communiqué.
“Les actionnaires de Transaero Airlines estiment que cette mesure servira les intérêts des passagers, du personnel et des partenaires de la compagnie aérienne” , ajoute-t-il.
Aucune autre précision n’est donnée par la compagnie aérienne, mais selon les médias russes, le conseil d’administration d’Aeroflot doit se réunir ce jeudi pour décider de l’acquisition. Aeroflot pourrait s’emparer de 75% du capital de Transaero pour 1 rouble symbolique.
Transaero a échappé de justesse à la faillite à la fin de l’année dernière grâce au soutien du gouvernement. Elle reste exposée à la dégradation de l’économie russe et à la chute du rouble depuis l’invasion de l’Ukraine, alors que 31% de sa dette est libellée en devises étrangères. Son endettement atteignait 64,8 milliards de roubles (865 millions d’euros) au 31 décembre 2014, selon le journal Vedomosti.
Le rachat de Transaero pourrait s’étaler sur douze mois pour aboutir à une intégration complète au sein du groupe Aeroflot, qui détient déjà plusieurs compagnies aériennes (Aurora, Donavia, Orenair, Rossiya Airlines et la low-cost Pobeda).
Fondée en 1990 et toujours détenue par Olga et Aleksandr Pleshakov, Transaero est la deuxième compagnie aérienne russe et la première compagnie privée. Elle a transporté sur les six premiers mois de l’année 5,7 millions de passagers contre 10,9 millions pour Aeroflot.
Transaero exploite une flotte de 106 appareils, essentiellement des Boeing (737, 767, 777 et 747). Elle vient cependant de prendre livraison de deux premiers Airbus, des A321 dont elle a commandé 8 exemplaires au total.
Son rachat par Aeroflot, qui n’est pas épargnée par la crise russe, pose aussi la question de la livraison des quatre Airbus A380 et des quatre Boeing 747-8i dont elle a passé commande auprès des constructeurs.
Airbus a d’ailleurs indiqué la semaine dernière qu’il retardait la première livraison du super Jumbo prévue initialement pour cette année, « afin d’aider le deuxième transporteur russe à faire face au ralentissement de la demande de voyage sur son marché » .
En outre, Transaero n’a toujours pas transformé en commande ferme son engagement d’achat portant sur 20 Airbus de la famille A330 (12 A330neo et 8 A330ceo), signé lors du salon de Farnborough en juillet 2014.
De son côté, Aeroflot est membre de l’alliance SkyTeam, à laquelle appartiennent aussi Air France et KLM. Elle exploite pour sa part une flotte de 161 appareils et n’a toujours pas pris de décision pour sa commande portant sur huit Airbus A350-800 commandés fermes (en plus de 14 A350-900), alors que ce programme ne sera pas lancé.
Aeroflot a par ailleurs annulé en juin dernier un ordre d’achat portant sur 22 Boeing 787-8 Dreamliner.
Crédit photo : Boeing 747-400 de Transaero – CC Wikimedia / Aleksandr Markin
Encore 4 A 380 qui vont passer a la trappe…