L’Association du transport aérien international (IATA) prévoit que le nombre de passagers aériens s’élèvera à 7,8 milliards en 2036, presque le double des quatre milliards de voyageurs attendus cette année. Un défi pour les gouvernements et l’industrie, en termes d’infrastructures et d’environnement.

IATA a mis à jour mardi ses projections pour le trafic aérien mondial pour les 20 prochaines années. Sa prévision se fonde sur le taux de croissance annuel composé (TCAC) de 3,6 %.

Par rapport à l’étude de l’an dernier, le moment où la Chine remplacera les États-Unis comme plus important marché aérien du monde s’est rapproché de deux ans par rapport à la prévision de l’an dernier.

Nous prévoyons maintenant que cela se produira vers 2022, en raison d’une combinaison de facteurs, à savoir la croissance légèrement plus rapide en Chine et la croissance légèrement plus lente aux États-Unis”, explique IATA.

Le Royaume-Uni sera relégué au cinquième rang, surpassé par l’Inde en 2025 et par l’Indonésie en 2030. La Thaïlande et la Turquie feront leur entrée dans le groupe des dix plus grands marchés, tandis que la France et l’Italie seront reléguées aux 11e et 12e rangs, respectivement.

Risques et défis

Pour autant, plusieurs risques pèsent sur la prévision de l’IATA. “La croissance de l’aviation dépendra du niveau de libéralisation commerciale et de facilitation des visas”, avertit l’association qui réunit quelque 275 compagnies aériennes.

Et d’expliquer : “si le protectionnisme commercial et les restrictions aux voyages sont mis en place, les avantages de la connectivité aérienne seront amoindris et la croissance pourrait descendre à 2,7 %, soit 1,1 milliard de passagers en moins annuellement en 2036. Inversement, si la libéralisation s’accentue, la croissance annuelle pourrait augmenter de deux points de pourcentage, ce qui triplerait le nombre de passagers au cours des 20 prochaines années”.

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Ce tableau illustre l’évolution du nombre de passagers (en milliards) selon les scénarios envisagés par l’IATA, à savoir l’assouplissement de la réglementation (en rouge), le statu quo sur le plan des politiques (en bleu) et l’accroissement du protectionnisme (en vert).

La croissance attendue représente aussi un défi pour les gouvernements et l’industrie. Selon Alexandre de Juniac, le directeur général de l’IATA, le monde doit se préparer au doublement du nombre de passagers au cours des 20 prochaines années. “Cette nouvelle est formidable sur le plan de l’innovation et de la prospérité, qui dépend des liaisons aériennes. Cela représente un énorme défi pour les gouvernements et l’industrie, qui devront s’assurer que nous pourrons satisfaire cette demande”, souligne-t-il.

L’IATA plaide pour un renforcement des partenariats entre l’industrie aérienne, les communautés et les gouvernements, en vue d’agrandir et de moderniser les infrastructures. Selon l’association, les pistes, les aérogares et les accès routiers aux aéroports seront soumis à des pressions croissantes. Il faudra des solutions innovatrices à ces problèmes, ainsi qu’aux problèmes liés à la sûreté, au traitement des bagages, à la manutention du fret et à d’autres activités. Et il est urgent de réformer la gestion du trafic aérien pour réduire les délais, les coûts et les émissions.

Des aéroports de plus en plus gros ne sont pas la solution

Alexandre de Juniac ne croit pas que la solution viendra de la construction d’aéroports de plus en plus gros, mais “des nouvelles technologies pour faire sortir certaines activités des aéroports, simplifier les processus et améliorer l’efficience”.

La croissance du trafic aérien pose également des défis environnementaux. “Aucune industrie n’a fait plus que l’aviation pour respecter ses obligations environnementales”, martèle Alexandre de Juniac.

Nos cibles ambitieuses concernant la croissance neutre en carbone à partir de 2020 et la réduction de moitié, par rapport au niveau de 2005, de nos émissions de CO2 à partir de 2050 s’accompagnent d’une stratégie globale. Notre objectif immédiat est de collaborer avec les gouvernements pour accroître la production de carburants d’aviation durables et assurer l’efficience de la gestion du trafic aérien, ce qui entraînera d’importantes réductions des émissions. Et à compter de 2020, le Régime de compensation et de réduction de carbone pour l’aviation internationale (CORSIA) jouera un rôle majeur dans la poursuite de nos objectifs”, conclut M. de Juniac.

Prévisions de l'IATA - faits saillants
Marchés en croissance rapide

Les cinq marchés ayant la croissance la plus rapide, c’est-à-dire le plus grand nombre de passagers supplémentaires par année en 2036, seront :

  1. La Chine (921 millions de nouveaux passagers, pour un total de 1,5 milliard)
  2. Les États-Unis (401 millions de nouveaux passagers, pour un total de 1,1 milliard)
  3. L’Inde (337 millions de nouveaux passagers, pour un total de 478 millions)
  4. L’Indonésie (235 millions de nouveaux passagers, pour un total de 355 millions)
  5. La Turquie (119 millions de nouveaux passagers, pour un total de 196 millions)

Plusieurs des marchés ayant la plus rapide croissance ont un taux de croissance annuel composé de plus de 7,2 %, ce qui signifie que ces marchés vont doubler en taille chaque décennie. La plupart d’entre eux sont en Afrique, notamment la Sierra Leone, le Bénin, le Mali, le Rwanda, le Togo, l’Ouganda, la Zambie, le Sénégal, l’Éthiopie, la Côte d’Ivoire, la Tanzanie, le Malawi, le Tchad, la Gambie et le Mozambique.

Croissance régionale
  • Les routes à destination, en provenance et à l’intérieur de l’Asie-Pacifique seront fréquentées par 2,1 milliards de passagers supplémentaires par année d’ici 2036, ce qui portera le nombre total à 3,5 milliards. Le taux de croissance annuel moyen de 4,6 % sera le troisième plus élevé, après ceux de l’Afrique et du Moyen-Orient.
  • La région Amérique du Nord aura une croissance annuelle de 2,3 % et en 2036, le nombre total de passagers sera de 1,2 milliard, soit 452 millions de passagers supplémentaires par année.
  • L’Europe aura aussi une croissance de 2,3 %. Il y aura 550 millions de passagers de plus par année, et le marché total sera de 1,5 milliard de passagers.
  • Les marchés d’Amérique latine auront une croissance de 4,2 %, ce qui portera le nombre total de passagers à 757 millions, soit 421 millions de plus qu’aujourd’hui.
  • Le Moyen-Orient connaîtra une forte croissance (5,0 %) et il y aura 322 millions de passagers de plus sur les routes à destination, en provenance et à l’intérieur de la région d’ici 2036. Le marché total atteindra 517 millions de passagers.
  • L’Afrique aura une croissance de 5,9 %. D’ici 2036, il y aura 274 millions de passagers de plus par année, pour un total de 400 millions de passagers.

1 COMMENTAIRE

  1. “L’Europe aura aussi une croissance de 2,3 %. Il y aura 550 millions de passagers de plus par année, et le marché total sera de 1,5 million de passagers”.
    Sans doute une erreur = milliard et non million

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