Lufthansa peut reprendre certains actifs d’Air Berlin mais n’obtient pas tout ce qu’elle espérait. La Commission européenne a autorisé jeudi 21 décembre le rachat de LGW par le groupe allemand, avec à la clé 33 avions et environ 900 employés. Mais Lufthansa a fait des concessions pour éviter des distorsions de concurrence, en renonçant à l’acquisition de NIKI et à des créneaux horaires à l’aéroport de Düsseldorf.
Forte du feu vert de la Commission européenne, Lufthansa va reprendre la compagnie régionale LGW et l’intégrer à sa plateforme low-cost Eurowings. LGW exploitera ses 20 turbopropulseurs Bombardier Q400 plus 13 Airbus de la famille A320 transférés d’Air Berlin. Tous les employés de LGW seront rattachés à Eurowings avec leurs contrats de travail actuels. Des recrutements supplémentaires sont prévus pour les 20 appareils de la famille A320. Les effectifs de LGW augmenteront ainsi à quelque 870 navigants en 2018. La compagnie apporte aussi des créneaux horaires dans plusieurs aéroports notamment en Allemagne, en Autriche et en Suisse.
Cependant, l’acquisition de LGW posait des problèmes de concurrence à l’aéroport de Düsseldorf. Lufthansa s’est donc engagée auprès de la Commission européenne à réduire l’acquisition des créneaux horaires de LGW sur cette plateforme. Plus précisément, elle se limitera pour la saison estivale au nombre de créneaux horaires utilisés par deux appareils, n’augmentant que de 1% son portefeuille. Le groupe Lufthansa détiendra ainsi 50% des créneaux horaires de l’aéroport de Düsseldorf et ses concurrents, les 50% restants. “Nos craintes en matière de concurrence sont dès lors apaisées et nous autorisons ce jour le projet d’acquisition au regard des règles de l’UE en matière de concentrations”, a déclaré dans un communiqué Margrethe Vestager, commissaire chargée de la politique de concurrence.
Initialement, Lufthansa avait des visées bien plus importantes sur les actifs d’Air Berlin : elle prévoyait de racheter également la compagnie autrichienne NIKI, avec ses appareils, ses membres d’équipage et ses créneaux horaires. Mais la Commission européenne a “clairement indiqué” que ce rachat ne serait pas approuvé en l’état. “Les activités de Lufthansa et de NIKI se chevauchaient sur environ 130 liaisons”, a expliqué la Commission. “À l’issue du rachat, la concurrence aurait été très limitée sur environ 70 de ces 130 liaisons, et sur environ 50 de ces liaisons, Lufthansa aurait eu le quasi-monopole pour l’offre de sièges aux voyagistes et aux passagers”.
La Commission ajoute qu’au lieu de proposer “des mesures correctives adéquates” pour remédier à ces problèmes, Lufthansa a décidé d’exercer son droit d’exclure NIKI de l’opération, comme l’autorisaient ses accords avec Air Berlin. Lufthansa emploiera les sommes prévues pour l’acquisition de NIKI à la croissance organique d’Eurowings. « Sur le plan économique, cela conduit à un résultat comparable pour le groupe Lufthansa », a précisé ce dernier.
Après le désistement de Lufthansa, NIKI s’est aussitôt déclarée en faillite et a cessé ses opérations le 14 décembre. L’administrateur d’insolvabilité a lancé un processus de vente, lequel se terminait ce 21 décembre. Un acquéreur devrait être présenté vendredi.
De son côté, Lufthansa espère aussi racheter Alitalia. Les discussions sont en cours avec le gouvernement italien dont la décision n’est pas attendue avant le mois de mars prochain.