Alitalia envisage de ne pas renouveler en janvier 2017 ses accords avec Air France-KLM pour les lignes européennes. Prémices d’un divorce plus large avec le groupe franco-néerlandais ?
Alitalia et Air France-KLM ont signé en 2009 un accord valable six ans, selon lequel Air France, KLM et Alitalia collaborent pour le transport de passagers et de fret sur les routes entre l’Italie, la France et les Pays-Bas (et au-delà). De fait, le partenariat permet d’alimenter les deux hubs d’Air France-KLM à Paris Charles de Gaulle et Amsterdam Schiphol avec des passagers se rendant ou demeurant en Italie, le quatrième marché aérien d’Europe.
“Ces accords ne sont plus bénéfiques, commercialement ou stratégiquement, à la nouvelle Alitalia et son ambitieux plan de redressement” , a expliqué le 19 mai dans un communiqué Silvano Cassano, le chef de la direction d’Alitalia. “Ils ont été négociés alors qu’Alitalia se trouvait dans une position très différente, si bien que les accords dans leur forme actuelle favorisent l’autre partie” , a-t-il ajouté. Alitalia pense donc ne pas les renouveler “quand ils arriveront à échéance en 2017” .
Depuis la conclusion du partenariat avec Air France-KLM, Alitalia a été rachetée par Etihad Airways à hauteur de 49%. Devenue son principal actionnaire, la compagnie du Golfe a mis en place un plan de sauvetage de la compagnie porte drapeau de l’Italie, pour lui éviter la faillite et retrouver l’équilibre financier à partir de 2017. Dans ce cadre, Alitalia vient renforcer le réseau d’Etihad, en alimentant avec de nouvelles fréquences et de nouveaux vols le hub d’Abu Dhabi, et en se rapprochant d’autres compagnies détenues par Etihad, notamment airberlin, Air Serbia et Etihad Regional pour ne citer que celles opérant en Europe.
Les accords avec Air France – KLM “sapent notre capacité à restructurer efficacement notre réseau et notre compagnie aérienne pour atteindre la viabilité à long terme de notre entreprise” , a estimé le dirigeant d’Alitalia. “Pour l’Italie et pour Alitalia, notre première priorité est de reconquérir le marché du tourisme entrant, ainsi que mieux servir les voyageurs loisirs et d’affaires italiens” , a-t-il aussi indiqué.
Cependant, Alitalia ne ferme pas complètement la porte à Air France-KLM pour continuer à collaborer sur les routes européennes, restant “ouverte à la poursuite des discussions pour parvenir à une solution mutuellement acceptable” .
Reste à savoir si la participation d’Alitalia dans la co-entreprise transatlantique d’Air France-KLM et Delta Air Lines ne sera pas elle aussi remise en cause. “La question est de savoir comment nous pouvons poursuivre (ces) partenariats” avec Alitalia pour les routes européennes et transatlantiques, s’interrogeait de son côté au début du mois de mai le directeur financier du groupe franco-néerlandais, Pierre-François Riolacci.
Plus largement, un divorce entre Air France-KLM et Etihad Airways pourrait se profiler, alors que les deux groupes collaborent depuis octobre 2012 entre l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie et l’Australie. “Nous avons besoin d’être convaincus qu’il y a de la valeur dans ce partenariat” , se demandait aussi Pierre-François Riolacci.
Manifestement, Alitalia et Etihad ne se posent déjà plus la question.
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Photo : Boeing 777-200ER d’Alitalia – © Alitalia