Brussels Airlines a décidé de mettre fin aux opérations de sa filiale Korongo Airlines, basée en République Démocratique du Congo (RDC). La compagnie belge continue de s’intéresser au marché congolais et révèle qu’elle a ouvert des discussions avec le gouvernement pour participer au lancement de Congo Airways.
“Suite à l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires de Korongo Airlines tenue ce 4 septembre à Lubumbashi, la décision a été prise de cesser les opérations de vol de la compagnie aérienne et d’entamer les actions qui mèneront à la liquidation de la société” , a indiqué Brussels Airlines dans un communiqué.
Korongo Airlines est détenue par Brussels Airlines, aux côtés du groupe Forrest et de plusieurs actionnaires minoritaires congolais. Elle a été lancée en 2012 avec l’objectif “de fournir un service fiable, confortable et sûr, respectant toutes les normes internationales de l’aviation et de contribuer ainsi au développement du transport en RDC et en Afrique” .
Un but qu’elle aurait “pleinement atteint” , à en croire Brussels Airlines. Cependant, sa filiale “n’a malheureusement pas pu atteindre le seuil de rentabilité suffisant compte tenu d’un manque de masse critique” : elle n’opérait en effet qu’un seul avion – un Boeing 737-300.
La compagnie belge souhaitait développer la flotte et le réseau de Korongo Airlines, seule façon de lui donner des perspectives de rentabilité. Elle avait besoin pour cela d’investisseurs, mais ceux-ci “ont préféré se retirer” après que le gouvernement congolais a décidé au début de l’année, avec l’aide d’Air France, de lancer une nouvelle compagnie aérienne, Congo Airways.
En outre, l’unique 737 de Korongo Airlines a été gravement endommagé il y a deux semaines suite à un problème d’entretien de la piste à Mbuji Mayi – un événement qui “a accéléré le processus de décision sur le développement des activités de Korongo Airlines” , indique Brussels Airways.
“Compte tenu de tous ces éléments, la décision a ainsi été prise de cesser les opérations de la compagnie” , ajoute la compagnie belge.
– Brussels Airlines reste en RDC
Pour autant, Brussels Airlines ne se désintéresse pas du Congo, qui “continue à jouer un rôle important”. elle continuera ainsi à relier quotidiennement la capitale de Kinshasa avec Brussels Airport.
“Au cours des dernières années la compagnie a fortement investi dans le service en augmentant notamment le nombre de vols directs. Les avions de type Airbus A330 ont été équipés avec de nouvelles cabines en Business et Economy Class et au cours des prochains mois Brussels Airlines va ouvrir un nouveau salon Business Class à l’aéroport de Kinshasa” .
Le transporteur indique aussi qu’une “coopération intensive” avec les autorités locales reste une priorité. “Cela signifie que la compagnie aérienne belge reste ouverte à mettre son expérience au service du gouvernement congolais pour le démarrage de Congo Airways et à continuer les discussions qui ont débuté avant l’été” , révèle Brussels Airlines.
Le lancement de Congo Airways ne se fait d’ailleurs pas sans difficultés. Prévu initialement pour juin, il a été retardé à fin août. Il est aujourd’hui compromis après que l’un de ses deux Airbus A320 (achetés à Alitalia) a été saisi à Dublin en Irlande, où il était en cours de peinture. La justice irlandaise a agi sur plainte de citoyens américains qui estiment que l’Etat du Congo leur doit 11,5 millions de dollars. Le gouvernement congolais espère régler ce litige à l’amiable.
– La RDC, un pays difficile pour les compagnies aériennes
Par ailleurs, les conditions opérationnelles en RDC restent extrêmement difficiles pour les compagnies aériennes, en partie à cause de l’insuffisance des infrastructures sur les petits aéroports, comme le souligne Brussels Airlines.
La cinquantaine de compagnies qui y opèrent sont toutes inscrites sur la « liste noire » de l’Union Européenne, qui leur interdit de voler en Europe.
La République Démocratique du Congo détient d’ailleurs de tristes performances en matière de sécurité aérienne (plus de 60 crashes et 200 morts depuis 2007).
La vétusté des appareils, leur manque d’entretien, l’absence des formations des pilotes, le manque d’équipements aéroportuaires et la détérioration des pistes d’atterrissage ont été cités comme étant les principales défaillances du secteur aérien Congolais.
Crédit photo : Boeing 737-300 de Korongo Airlines – © Korongo Airlines