L’agence fédérale russe de l’aviation civile, Rosaviatsa, annonce ce mercredi la révocation du certificat de transporteur aérien (AOC) de Transaero à la date du 26 octobre 2015 pour des raisons de sécurité et non-respect de la réglementation. La deuxième compagnie aérienne russe, en grande difficulté, devra donc cesser ses opérations.
A la suite d’un audit mené entre les 6 et 20 octobre 2015, l’agence a conclu que Transaero “ne répond pas aux exigences de certification” imposée par la réglementation fédérale russe en matière de sécurité, et opère en “violation des droits des consommateurs” . La commission en charge de cette inspection inopinée a proposé la révocation de l’AOC, qui a été approuvée. Le décret a été signé le 20 octobre, à effet du 26 octobre. Les AOC révoqués ne peuvent pas être restaurés, précise Rosaviatsa.
L’audit avait été lancé en début du mois, car l’agence soupçonnait que la détérioration de la situation financière de Transaero était susceptible de générer des risques pour la sécurité. En particulier, la compagnie ne serait plus en mesure de former ses pilotes sur simulateur de vol, de maintenir la navigabilité de ses nombreux types d’appareils, ou d’assurer la maintenance des aéronefs en temps opportun. Elle a en outre accumulé en raison de son insolvabilité une dette d’un milliard de roubles (14 millions d’euros) à l’égard des services de la navigation aérienne de la Fédération de Russie.
Depuis le 02 octobre 2015, Transaero n’avait déjà plus le droit de vendre de nouveaux billets sur décision du gouvernement russe. Toutefois, 155.218 passagers détiennent encore une réservation pour des vols entre le 26 octobre 2015 et le 04 avril 2016, a fait savoir Rosaviatsa. Parmi ceux-ci, 87.757 seront transportées par Aeroflot et ses filiales ainsi que les autres transporteurs russes (jusqu’au 15 décembre de cette année). Les 67.461 passagers restants seront remboursés. Les informations détaillées seront fournies par Aeroflot.
Cette dernière a renoncé le 1er octobre 2015 à acquérir Transaero, dont les dettes s’élèvent à 250 milliards de roubles (environ 3,5 milliards d’euros) selon l’agence Tass.
Transaero emploie environ 10.000 salariés. Une “Banque pour l’emploi” , chargée de faciliter la recherche d’un nouveau poste, est créée spécialement pour eux, ceci afin d’éviter “les conséquences sociales négatives du chômage” et “préserver aux maximum ce personnel hautement qualifié dans le secteur aéronautique” , indique Rosaviatsa.
La fin des opérations de Transaero est aussi une mauvaise nouvelle pour les deux principaux avionneurs mondiaux, chez qui la compagnie détient des commandes, notamment quatre Airbus A380 et six A321 (sur un total de huit dont deux livrés), ainsi que quatre Boeing 747-8i.
Rosaviatsa a suspendu depuis le début de l’année 2015 les certificats d’opérateurs aériens (AOC) de cinq autres transporteurs russes pour des raisons de sécurité (dont UTair-Express et Tomskavia).
Crédit photo : Boeing 747-400 de Transaero – CC Wikimedia / Aleksandr Markin