John Leahy, le directeur commercial d’Airbus, a confirmé lundi que sans nouvelle commande de la compagnie Emirates, la production de l’A380 serait arrêtée.
La rumeur courrait déjà depuis plusieurs semaines mais hier 15 janvier, Airbus a officiellement envisagé l’arrêt de la production de l’A380. “Si nous ne pouvons pas conclure un accord avec Emirates, il est clair que nous devrons arrêter le programme”, a déclaré John Leahy, lors de la publication des résultats annuels du constructeur.
Selon le vendeur en chef d’Airbus, Emirates est la seule compagnie aérienne capable de prendre six à huit A380 par an pendant les six à huit prochaines années. Le temps que la demande reprenne pour le super Jumbo qu’il voit comme une solution à l’accroissement du trafic dans les grands aéroports encombrés. “C’est un avion, je vous assure, dont le moment viendra”, a déclarant John Leahy, réitérant une conviction maintes fois exprimée. “Nous allons en vendre six à huit par an jusqu’à ce que le marché arrive à 25 par an, mais il faudra encore quelques années pour y parvenir”.
Emirates, qui a reçu 101 des 142 A380 qu’elle a commandés, envisage d’en reprendre entre 30 et 40. Les négociations ont échoué lors du salon aéronautique de Dubaï en novembre dernier. John Leahy, qui prendra sa retraite dans quelques semaines, a confirmé que les discussions se poursuivaient et s’est déclaré “confiant” sur la possibilité de parvenir à un accord avec la compagnie du Golfe.
En attendant, le président d’Airbus Commercial Aircraft, Fabrice Brégier, a qualifié l’année 2017 de “difficile” pour le programme A380. Le super Jumbo a fini l’année avec un solde de commandes négatif de 2 unités en raison des annulations. Airbus a livré 15 A380 en 2017, contre 28 un an plus tôt. Ce nombre sera réduit à 12 en 2018, 8 en 2019 et pourrait tomber à 6 appareils au-delà. “Nous ne produirons jamais de queues blanches (d’avions qui n’ont pas été commandés, NDLR),” a expliqué Fabrice Brégier. “La cadence de six avions est la limite inférieure d’une production industriellement viable.”
Le salut de l’A380 pourrait venir de Chine. Fabrice Brégier a confirmé que des discussions avaient eu lieu avec la partie chinoise en vue d’un partenariat industriel sur le programme A380 mais le défi est plutôt d’ordre commercial. “Nous devons convaincre les compagnies aériennes chinoises que l’A380 permettra d’augmenter leur part de marché et d’améliorer leur image en opérant à partir des grands hubs chinois. La Chine deviendra le plus grand marché mondial et nous croyons que le plus grand marché mérite le plus gros avion.”
À fin décembre, il restait 95 A380 inscrits sur le carnet de commandes d’Airbus. Mais selon des analystes, la moitié pourrait ne jamais être livrée, en raison des intentions des compagnies ou de leurs finances. Au demeurant, la situation de l’A380 n’est pas unique sur le marché des très gros-porteurs (VLA – very large aircraft). Le 747-8 de Boeing a également fini 2017 avec un solde négatif de 2 unités tandis 12 appareils (en version cargo) restent à produire.
L’avenir semble plutôt appartenir aux bimoteurs de nouvelle génération. Fabrice Brégier a confirmé hier qu’Airbus avait étudié un A350-2000, version allongée de l’A350-1000, et que son développement est possible. Mais un lancement n’est pas envisagé avant l’arrivée d’une nouvelle génération de moteurs.